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Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/179

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le peuple du pôle

exemple, tels autres de la nuit, tels autres du jour. Un de ces derniers, qui sont naturellement de dimensions considérables, a été accroché en face de la tourelle où siège le vieux monstre. Un jour que nous avions résolu d’observer minutieusement son manège, nous demeurâmes à côté de lui et de son jeune compagnon jusqu’au moment où l’eau cessa de couler ; aussitôt, s’étant baissé, il poussa ün levier placé entre ses pattes ; alors les machines cessèrent peu à peu de ronfler et en moins d’une minute ce fut la nuit, la nuit noire que ponctuaient seulement autour de nous les quatre yeux des monstres, luisants comme des escarboucles.

Le plus vieux de ces deux êtres était donc un des personnages les plus importants de la communauté polaire ; d’une défaillance, d’un oubli ou d’une distraction de sa part risquait de résulter toute une série de conséquences désastreuses : le froid, l’obscurité, la suppression momentanée de l’activité individuelle et sociale, fléaux qu’il pouvait également dispenser dans un accès de colère, par besoin de vengeance, et même, — ce qui sur le moment ne parut pas absurde à mon âme étourdie et bornée d’homme, — par caprice ou par fantaisie. Combien devait être grand aux yeux des habitants du Pôle, de ce monde où