Ceintras le touchait, le caressait et répétait d’une voix tremblante d’émotion :
— Il est intact… il est intact…
Et, pour la première fois depuis notre arrivée au Pôle, je ne trouvais plus dans ses regards cette indécision et ce vague qui donnaient à son visage une si angoissante expression d’hébètement ou de folie.
— Mon ami, continuait-il, nous allons partir, revenir auprès des hommes. Il ne faut pas attendre ; je vais vérifier les boulons, roder les soupapes et, dès ce soir, je pense que nous pourrons dire adieu au Pôle pour toujours.
— Mais auparavant, dis-je un peu inquiet encore, il faudrait délivrer le ballon de l’aimant qui le retient. Et pour cela, comment faire ?
— C’est vrai, comment faire ? répéta-t-il.
Ses yeux se tournèrent un instant vers la longue pierre brune où des liens invisibles entravaient l’essor de notre machine.
— Je vais démolir les amortisseurs, reprit-il après avoir réfléchi.
— Je ne te le conseille pas, répondis-je. Attendons encore. Puisqu’ils nous ont rapporté le moteur, c’est qu’ils veulent bien nous laisser partir et ils doivent comprendre que cela nous est impossible tant que le ballon adhérera à l’aimant.