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le peuple du pôle

elles la possibilité de l’intelligence qui existèrent à un moment sur notre planète, il fallait que l’une triomphât, et ce fut la nôtre…

Mon esprit s’ébrouait, galopait comme un poulain en liberté sur le champ prodigieusement nouveau qu’on avait soudain ouvert devant lui ; une foule d’idées et d’images apparaissaient pêle-mêle, dans leur richesse confuse, au hasard de cette course ; des mythes s’éclairaient, des êtres légendaires s’expliquaient ; je comprenais à présent ce qu’avaient été les ondins et les sirènes ; dans l’histoire d’Abel et de Caïn, je ne voyais plus que le symbole de la lutte à la suite de laquelle l’Homme-Caïn, avait immolé à son désir de domination absolue l’Anthroposaure-Abel… Et je parlais, et je parlais, et ma voix devenait d’instant en instant plus exaltée et fiévreuse… Alors, Valenton me mit en souriant la main sur l’épaule et m’avertit, d’un ton légèrement railleur, que j’allais tout de même un peu trop loin :

— Mon cher ami, en ce moment vous vous égarez en pleine fantaisie… Il me semble pourtant que, de l’existence de l’anthroposaure, il est facile de tirer des conclusions qui sont, scientifiquement, plus intéressantes. On a le droit de dire, par exemple, qu’au lieu d’un roi de la création sur la terre, il aurait pu y en avoir deux ou plusieurs, si