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le peuple du pôle

sant de véritables cris d’horreur. Mais, d’autre part, leur vue me procura un sincère soulagement : depuis des heures que je ne rencontrais que des cadavres, j’en étais presque à croire que j’arrivais trop tard, que la rage furieuse de Ceintras avait transformé les souterrains du monde polaire en une immense nécropole.

Brusquement, après une nouvelle série de détonations, le jour s’éteignit… Il réapparut un instant vacillant, incertain, en lambeaux de clarté violette qui flottèrent, contre les voûtes de la galerie où je courais à perdre haleine, et au bout de quelques instants s’éteignit de nouveau. Il me semblait que je venais d’assister à la dernière convulsion de la lumière agonisante et qu’à présent la lumière était morte. Il n’y avait pas deux explications à cette disparition anormale et prématurée du jour : Ceintras avait tué le vieux monstre de la tourelle, puis son compagnon. Et la machine, privée de l’intelligence directrice, s’était arrêtée… Avec une admiration douloureuse je me rappelle avoir imaginé, dans l’éclair d’une seconde, les deux monstres qui, voyant la mort s’approcher en abattant leur race autour d’eux, n’en avaient pas moins été fidèles à leur tâche jusqu’au bout, jusqu’à ce que la mort les frappât à leur tour, sans chercher à fuir, sans même