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Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/229

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le peuple du pôle

te prie de ne pas concevoir d’inquiétudes à mon sujet : je suis assez grand pour retrouver mon chemin sans toi… »

Le sentiment de la solitude absolue, de l’abandon irrémédiable apparut dans mon âme et l’envahit, chassant toute autre pensée. Ah ! que m’eût importé, à présent, que mon compagnon, s’il m’en était resté un, fût atteint de démence et animé de desseins meurtriers ! Tué par lui, j’aurais pu du moins fermer les yeux sur l’image de l’homme.

— Ceintras ! Ceintras ! Ceintras ! appelai-je désespérément.

Le jour s’évanouissait. Les murailles de brume semblaient se resserrer autour de moi. Et, abusé par une hallucination déchirante, je croyais voir au delà de ces murailles un pauvre voyageur déjà infiniment lointain et minuscule, qui marchait, marchait à grands pas, la tête baissée, à travers l’immensité glaciale, vers l’inévitable mort.