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le peuple du pôle

inlassablement à tous les coins du ciel l’apparition d’un immense oiseau de toile et de métal semblable à celui qui nous avait jadis amenés au Pôle.

Mais l’été, sans doute, était encore très lointain et, si je voulais vivre jusque là, il fallait à toute force abandonner le campement actuel et m’établir vers le centre du pays polaire, en un lieu où la température fût plus clémente… Dès que mes forces me le permirent, je démontai la cabine et je commençai à la traîner peu à peu, avec les provisions qui me restaient encore et quelques objets indispensables, vers la petite colline au pied de laquelle j’avais résolu d’habiter. Ce travail me demanda beaucoup de temps et de peines… Mais, si puéril que cela puisse paraître en la circonstance, j’éprouvai, lorsque j’en fus venu à bout et que j’eus pris possession de mon nouveau domaine, une satisfaction analogue à celle de l’humble travailleur qui va finir ses jours à la campagne, dans une petite maison, fruit de ses économies…

La vie du monde polaire avait repris son cours normal, et bientôt les événements m’obligèrent à ne plus craindre de représailles de la part des monstres. Avaient-ils oublié déjà, pardonnaient-ils, n’osaient-ils pas se venger ? Entre ces suppositions toutes gratuites et bien d’autres du même