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le peuple du pôle

notre entreprise ; et en effet, il était assez difficile d’imaginer d’où pourrait venir dans les solitudes de la toundra le vent qui lui soufflerait une nouvelle lubie.

Les premiers événements semblèrent justifier ces prévisions optimistes. Dès le lendemain de notre arrivée, nous commençâmes à dresser le hangar portatif où nous devions abriter notre aéronef, et à remonter celle-ci pièce par pièce, — tout cela malgré les fatigues d’un long voyage qu’il avait fallu, à la fin, accomplir à l’aide d’inénarrables véhicules, dont les meilleurs étaient réservés à nos matériaux et à nos appareils… — Nos ouvriers, que nous avions mis au courant de nos intentions, nous aidèrent avec un dévouement et un enthousiasme admirables : la lutte raisonnée de l’homme contre la Nature a pris aujourd’hui toutes les apparences d’une religion, et ce fut d’un cœur analogue à celui des vieux maçons constructeurs de cathédrales qu’ils s’employèrent à établir la machine qui devait dérober à la Terre un de ses derniers secrets.

Quant à nos hôtes, c’étaient de braves gens, merveilleusement pieux, ivrognes et simples d’esprit. Durant les après-midi des dimanches que nous passâmes à Kabarova, nous les vîmes sous la direction de trois moines sordides qui