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Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/89

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le peuple du pôle

— Il me paraît cependant indispensable, insistai-je, de recueillir quelques échantillons de minéraux, de plantes, et même, si c’est possible, d’animaux… Laisse-moi passer ; je vais préparer ma carabine.

Mais il ne voulut rien entendre. Il parla de faire sauter le ballon plutôt que de se rendre à mon désir insensé ! Puis il se calma, me représenta que nous avions du temps devant nous, qu’il valait mieux remettre cette excursion à plus tard… Comme ceci était en somme assez juste, je cédai et nous poursuivîmes notre route à une altitude de quatre cents pieds environ.

Le paysage n’avait pas changé, à cela près que les végétations paraissaient maintenant plus larges et plus hautes ; ce qui me frappait dans leur aspect, c’était qu’au contraire de la plupart des plantes terrestres elles croissaient plutôt en largeur qu’en hauteur ; on aurait dit qu’un invisible obstacle les empêchait de s’élever au-dessus d’une certaine limite ou que le sol au lieu du ciel attirait leurs branches. Un peu plus tard, à des amoncellements de vapeurs blanchâtres, nous reconnûmes la présence de l’eau ; puis, au-dessous de ces vapeurs, durant quelques minutes, un fleuve se laissa entrevoir, pareil à un glaive d’argent bruni qu’un géant eût oublié au milieu de la plaine.