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le peuple du pôle

Cela bouge… Regarde, regarde !… Et nous ne sommes pas fous !

— Alors il nous faut descendre et nous rendre compte.

Nous en étions à ce point où, quoi qu’il puisse advenir, on aime mieux tout risquer plutôt que de rester davantage dans les affres de l’indécision, et Ceintras, sans doute, se serait facilement cette fois rallié à mon désir. Mais, au même moment, l’intensité de la lumière violette diminua et ce fut bientôt une sorte de crépuscule sillonné de radiations et de fluorescences. Nous retombions peu à peu dans la pénombre où nous avions navigué depuis la Terre de François-Joseph. Alors je me rendis compte que la clarté sombre du Pôle nous était déjà devenue nécessaire et que, brusquement privés d’elle, nous allions perdre pour un bon moment l’usage de nos yeux.

L’atmosphère crépitait autour de nous et par instants se pointillait d’étincelles électriques à peu près pareilles à celles que notre magnéto produisait dans les cylindres du moteur pour enflammer les gaz ; au delà, des étoiles apparurent immobiles et lointaines. La neige, au-dessous de nous, paraissait toujours s’agiter vaguement. Les cris des grandes chauves-souris ne résonnaient plus à nos oreilles et, cependant, l’air n’était pas