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le peuple du pôle

— Partons donc, m’écriai-je d’une voix mal assurée. Nous verrons plus tard ce que nous aurons de mieux à faire.

— Oui ! oui ! partir… il faut partir, dit Ceintras haletant ! Tu le vois bien, c’est ici le pays de la folie et de la mort !

Bousculant tout ce qui se trouvait sur son passage, il se démenait fébrilement en face de moi, contre le ciel troué de pâles étoiles.

— Partir… il faut partir, répétait-il…

Et il donna toute la vitesse et, pour nous éloigner au plus tôt de la terre, il ouvrit en même temps un obus d’hydrogène et le robinet des gaz chauds… Alors ce fut une autre terrifiante énigme : le moteur ronfla éperdument, le petit manomètre qui mesurait la pression à l’intérieur de l’enveloppe indiqua que cette pression ne pouvait plus croître sans danger ; mais tout cela fut inutile ; nous n’avancions ni ne montions : on aurait dit que d’invisibles et impalpables chaînes entravaient notre marche et nous halaient peu à peu vers la terre.

Comme pour mettre le comble à toutes ces émotions apparut la chose la plus prodigieuse que nous eussions pu concevoir en ces lieux. C’était, érigé sur un monticule et se dessinant contre le ciel une sorte de disque de métal grisâtre fixé