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Page:Charles Fourier Théorie des quatre mouvements 2nd ed 1841.djvu/228

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En voici une preuve dont j’ai déjà fait usage, et qu’il est bon de reproduire. J’ai dit que la majeure partie des femmes n’a ni goût ni aptitude aux occupations du ménage ; la plupart sont déconcertées et harassées par le soin d’une petite famille ; quelques-unes au contraire se font un jeu de ces travaux domestiques, et y excellent à tel point qu’on les juge capables de conduire une maison de cent personnes. Cependant la Civilisation exigerait chez toutes les femmes un goût uniforme pour les travaux de ménage qu’elles doivent toutes exercer. D’où vient donc que la nature refuse cette aptitude aux trois quarts d’entre elles ? c’est pour garder la proportion convenable à l’Ordre sociétaire, qui emploiera à peine le quart d’entre elles à ces fonctions.

Ajoutons quelque détail qui soit de la compétence des hommes et qui puisse leur faire sentir l’inconvenance des ménages isolés. Je citerai le soin des caves, d’où la nature a exclu les femmes. En conséquence, il serait nécessaire, dans l’Ordre actuel, que tout chef de maison fût initié à l’œnologie, qui est une connaissance difficile à acquérir. À défaut de ce, les trois quarts des ménages riches sont fort mal abreuvés, et, tout en faisant pour les boissons la dépense nécessaire, ils n’ont que des vins frelatés et mal soignés, parce qu’ils sont obligés de s’en rapporter à des marchands de vin qui sont des phénix de fourberie, et à des sommeliers mercenaires qui ne sont habiles que dans l’art de friponner. De là vient que souvent le repas d’un bourgeois qui connaît la manutention des vins est préférable au repas d’un prince qui s’excède