Page:Charles Fourier Théorie des quatre mouvements 2nd ed 1841.djvu/462

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ment d’y atteindre, la Civilisation semble condamnée à gravir vers le bien-être idéal, et retomber dès qu’elle entrevoit le terme de ses maux. Les réformes les plus sagement méditées n’aboutissent qu’à verser des flots de sang. Cependant les siècles s’écoulent, et les Peuples gémissent dans les tourments, en attendant que de nouvelles Révolutions replongent dans le néant nos Empires chancelants, et destinés à s’entre-détruire tant qu’ils se confieront à la Philosophie, à une science ennemie de la Politique unitaire, à une science qui n’est qu’un masque d’intrigue, et ne sert qu’à attiser les ferments de révolution à mesure que le temps les fait éclore.

À la honte de nos lumières on voit se multiplier chaque jour les germes de désorganisation qui menacent nos frêles Sociétés. Hier, des querelles scolastiques sur l’égalité renversaient les trônes, les autels et les lois de la propriété : l’Europe marchait à la Barbarie ; demain la Nature inventera contre nous d’autres armes, et la Civilisation mise à de nouvelles épreuves succombera encore. On la voit friser la mort à chaque siècle : elle était à l’agonie quand les Turcs assiégeaient Vienne, elle eût été perdue si les Turcs eussent adopté la tactique européenne. De nos jours elle a été à deux doigts de sa ruine : la guerre de la Révolution pouvait amener l’envahissement et le démembrement de la France ; après quoi l’Autriche et la Russie se seraient partagé l’Europe ; et dans leurs débats postérieurs, la Russie (qui a des moyens inconnus de tout le monde et d’elle-même ) aurait pu écraser l’Autriche et la Civilisation. Le sort de cette criminelle Société est