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des diocèses de Gand et de Bruges se dévouer, dans la Société des Pères blancs, à ces Missions nouvelles et braver tous les périls aux extrémités du Congo. D’autres se préparent à les imiter. Deux d’entre eux sont auprès de moi sur les marches de cette chaire. Ils seront suivis, ces jours-ci même, par quatre nouveaux apôtres appartenant à une excellente famille de Missionnaires[1]. Mais qu’est-ce que tout cela pour ces immenses territoires ?

J’en dis autant pour les ressources nécessaires aux apôtres. Car enfin s’ils donnent leur vie, les chrétiens leur doivent le pain de chaque jour. Je sais encore ici, ce qu’ont fait quelques-uns. Mais noblesse oblige. Vous avez, dans le monde entier, une réputation incomparable de générosité pour toutes les œuvres charitables, trop grande peut-être au gré de quelques-uns, car elle attire chez vous tous les quêteurs, mais pendant que vous soutenez ainsi les œuvres chrétiennes sur tous les points de l’univers, vous avez trop oublié parfois la partie de l’Afrique qui porte désormais votre nom.

Ce n’est pas tout ; pendant que vous dormiez ainsi, l’homme ennemi, la barbarie qui en Afrique est l’ennemie de tous les efforts de l’Europe, a fait son œuvre. Avec le bon grain, je veux dire avec le progrès de l’organisation matérielle et la préparation des richesses futures dus à l’impulsion du Souverain[2] on a vu l’ivraie croître et menacer de tout envahir.

Écoutez donc ce que devient, depuis dix ans, une partie de cette terre qui réclamait de vous, à bon droit, les bienfaits de la foi chrétienne. Vous avez pu voir dans les récits des voyageurs et dans les discours même que j’ai prononcés, à quelles horreurs la malheureuse Afrique est en proie de la part des escla-

  1. Celle de Scheut.
  2. On m’a interrogé, de toutes parts, depuis que je suis en Belgique, sur l’avenir de L’État Indépendant. Cet avenir est certain et, selon moi, immense, à cause de toutes les sources naturelles de richesses qui s’y trouvent. La meilleure preuve en est dans l’empressement qu’ont mis les puissances de l’Europe à se disputer avec acharnement les régions voisines.