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LENTES ÉBAUCHES


Dans l’immense transformation sociale qui se prépare, le prolétariat sait maintenant avec certitude la direction qu’il doit suivre ; il connaît assez distinctement les grands traits du régime nouveau qu’il veut et doit instituer. Il sait que la puissance du travail organisé se substituera à la puissance du capital, que tout prélèvement du capital sur le travail sera aboli, et que le désordre de la production capitaliste et mercantile fera place à un ordre de production réglé par la science elle-même, d’après les besoins de tous et de chacun. Le prolétariat sait que pour que l’organisation du travail affranchi et souverain devienne possible, il faut que la collectivité sociale, la communauté substitue son droit au droit actuel de la propriété privée. Tant que des particuliers, des classes détiendront les moyens de produire, il est clair que l’autorité sur un grand nombre d’individus sera détenue et exploitée par quelques-uns. L’intervention de la communauté elle-même dans la propriété est donc nécessaire pour que le droit de tous les individus soit respecté. De là la grande idée collectiviste ou communiste de la propriété sociale, qui est la lumière du prolétariat socialiste en son effort multiple et tourmenté.