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nous représentons l’évolution de la vie rurale d’une manière trop sèche, trop mécanique. Non seulement ce n’est pas par un coup d’autorité, mais ce n’est même pas par l’action tout extérieure de l’exemple, ce n’est ni par compression ni seulement par attraction que la propriété paysanne entrera dans le mouvement communiste : c’est, au moins en partie, par l’évolution interne de sa propre vie.


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Une des tâches essentielles du socialisme sera de donner aux propriétaires paysans le sens vif, la conscience nette du changement qui s’accomplit obscurément en eux. Quand on le leur fait remarquer, ils s’étonnent un moment ; puis ils reconnaissent l’étendue du changement qui se fait peu à peu dans les habitudes et les pensées. Et c’est en prolongeant, en systématisant ces tendances nouvelles que le socialisme prendra contact avec la vie et lui empruntera sa force.

Cette coopération encore superficielle et limitée devra s’étendre, s’assouplir, s’organiser. En bien des régions, de grands travaux de perfectionnement agricole seraient nécessaires : défoncements, drainages, nivellement ou adoucissement des pentes, charrois d’engrais, apports de terres, aménagement