Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/394

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dressera avec sa force pleine d’élan. Et sans doute, à la faveur de ce grand ébranlement, il fera d’emblée, pour le peuple et le prolétariat, plus qu’il ne pourra faire d’abord, s’il est appelé à une part de pouvoir par la lente évolution des institutions d’Empire vers la politique de réformes.

Mais, même alors, même si un grand orage intérieur ou extérieur déracine les puissances conservatrices et suscite la force du peuple, il n’est point certain pour Liebknecht que le Parti socialiste ait tout le pouvoir. Les événements, dit-il, l’appelleront ou au gouvernement ou au partage du gouvernement ( an oder doch in die regierung). Il se peut qu’il prenne possession du pouvoir tout entier. Il se peut, même au lendemain d’une crise révolutionnaire, qu’il soit obligé de le partager avec d’autres partis démocratiques. Après le 4 septembre allemand, le parti socialiste aura en Allemagne une bien plus grande part de pouvoir qu’il n’en a eu en France après le 4 septembre français. Mais Liebknecht n’assure point qu’il aura tout le pouvoir, tout le gouvernement. Il est possible qu’il soit tenu d’en réserver une part à la démocratie bourgeoise. Que devient alors le gouvernement de classe ?

Mais il y a une seconde hypothèse : c’est celle où les pouvoirs dirigeants d’Allemagne, sentant le