Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/402

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la tactique n’est qu’un moyen en vue d’un but, et tandis que le but se dresse ferme et immuable, on peut discuter sur la tactique. Les questions de tactique sont des questions pratiques, et elles doivent être absolument distinguées des questions de principes.

Nous avons vu en particulier qu’il est absolument injustifié de tenir la tactique de la force pour la seule tactique révolutionnaire, et de déclarer mauvais révolutionnaire celui qui n’approuve pas cette tactique sans condition. nous avons montré que la force en elle-même n’est pas révolutionnaire, qu’elle est bien plutôt contre-révolutionnaire.

Nous avons démontré la nécessité de nous émanciper de la phrase, et de chercher la force du parti dans la pensée claire, dans l’action méthodique et intrépide, non dans des phrases de violence révolutionnaire, qui trop souvent cachent seulement le défaut de clarté et de force d’action.


Voilà de grands enseignements. Mais si les questions de tactique sont à ce point secondaires, quel obstacle s’oppose à la large unité du socialisme ? Sur le but, sur la réalisation du socialisme, sur la nécessité d’une organisation sociale de la propriété en vue de supprimer tout prélèvement sur le travail, et d’assurer le plein développement de toute individualité humaine, tous les socialistes sont d’accord. Ils diffèrent sur les moyens, sur la tactique. Les uns ont cru, selon la pensée de Liebknecht, que dans la période de lente dissolution du régime capitaliste, et de lente élaboration du régime socialiste, les socialistes seraient nécessairement appelés un jour au partage du pouvoir gouvernemental. Les autres ont cru le contraire. C’est une question de