Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/429

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et la volonté légale de la majorité de la nation. De même, la transformation de la propriété agraire et son évolution vers un système largement communiste seront impossibles tant que les paysans propriétaires ne seront pas pleinement rassurés.

L’adhésion des paysans propriétaires est d’autant plus nécessaire que par rapport à leur nombre le nombre des propriétaires ruraux va diminuant. Mais cette adhésion, ils ne la donneront pas à un mouvement soudain, dont ils n’auront pu calculer les effets. Ils ne la donneront qu’à un mouvement délibéré avec eux, et qui en accroissant tous les jours leur force de production et leur bien-être, les rassurera pleinement sur le but et le terme de l’action socialiste.

Ce n’est pas tout. En 1789, la révolution n’avait à accomplir, dans l’ordre de la propriété, qu’une œuvre négative. Elle supprimait, elle ne créait pas. Elle abolissait la propriété d’Église ; mais, ce domaine d’église, elle le mettait en vente. Elle le convertissait immédiatement en propriétés particulières d’un type déjà connu. De même, quand elle supprimait les droits féodaux, elle libérait la propriété paysanne d’une charge. Elle n’en modifiait pas le fond. Le paysan devenait plus pleinement propriétaire de ce qu’il possédait déjà. Mais la révolution