Page:Charles Perrault - Les Contes des fees, edition Giraud, 1865.djvu/113

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Elle n’eust pas plutost pris le fuseau, que, comme elle estoit fort vive, un peu estourdie, et que d’ailleurs l’arrest des fées l’ordonnoit ainsi, elle s’en perça la main et tomba évanouie.

La bonne vieille, bien embarrassée, crie au secours : on vient de tous costez ; on jette de l’eau au visage de la princesse, on la délasse, on luy frappe dans les mains. on luy frotte les tempes avec de l’eau de la reine de Hongrie ; mais rien ne la faisoit revenir.

Alors le roy, qui estoit monté au bruit, se souvint de la prédiction des fées, et, jugeant bien qu’il falloit que cela arrivast, puisque les fées l’avoient dit, fit mettre la princesse dans le plus bel appartement du palais, sur un lit en broderie d’or et d’argent. On eût dit d’un ange, tant elle estoit belle : car son évanouissement n’avoit pas osté les couleurs vives de son teint : ses joues estoient incarnates, et ses lévres comme du corail ; elle avoit seulement les yeux fermez, mais on l’entendoit respirer doucement : ce qui faisoit voir qu’elle n’estoit pas morte.

Le roi ordonna qu’on la laissast dormir en repos, jusqu’à ce que son heure de se réveiller fust