Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/228

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son père, il fit retomber l’infidélité de cet homme-là sur lui-même. La princesse donna, dans plusieurs autres occasions, des marques de sa pénétration et de sa finesse d’esprit ; elle en donna tant, que le peuple lui donna le nom de Finette. Le roi l’aimait beaucoup plus que ses autres filles ; et il faisait un si grand fonds sur son bon sens, que s’il n’avait point eu d’autre enfant qu’elle, il serait parti sans inquiétude ; mais il se défiait autant de la conduite de ses autres filles, qu’il se reposait sur celle de Finette. Ainsi, pour être sur des démarches de sa famille, comme il se croyait sûr de celles de ses sujets, il prit les mesures que je vais dire.

Vous qui êtes si savante dans toutes sortes d’antiquités, je ne doute pas, comtesse charmante, que vous n’ayez cent fois entendu parler du merveilleux pouvoir des fées. Le roi dont je vous parle, étant ami intime d’une de ces habiles femmes, alla trouver cette amie ; il lui représenta l’inquiétude où il était touchant ses filles, « Ce n’est pas, lui dit ce prince, que les deux aînées dont je m’inquiète aient jamais fait la moindre chose contre leur devoir ; mais elles ont si peu d’esprit, elles sont si imprudentes, et vivent dans une si grande désoccupation, que je crains que, pendant mon absence, elles n’aillent s’embarquer dans quelque folle intrigue pour trouver de qui s’amuser. Pour Finette, je suis sûr de sa vertu ; cependant je la traiterai comme les autres ,