per la nuit du château de la fée, se cassa la tête contre un arbre, et mourut de cette blessure entre les mains des paysans.
Le bon naturel de Finette lui fit ressentir une douleur bien vive du destin de ses sœurs, et, au milieu de ses chagrins, elle apprit que le prince Bel-à-Voir l’avait fait demander en mariage au roi, son père , qui l’avait accordée sans l’en avertir ; car, dès ce tems-là, l’inclination des parties était la moindre chose que l’on considérait dans les mariages. Finette trembla à cette nouvelle ; elle craignait, avec raison, que la haine que Riche-Cautèle avait pour elle n’eût passé dans le cœur d’un frère dont il était si chéri ; et elle appréhenda que ce jeune prince ne voulût l’épouser pour la sacrifier à son frère. Pleine de cette inquiétude, la princesse alla consulter la sage fée, qui l’estimait autant qu’elle avait méprisé Nonchalante et Babillarde.
La fée ne voulut rien révéler à Finette ; elle lui dit seulement : « Princesse, vous êtes sage et prudente ; vous n’avez pris jusqu’ici des mesures si justes pour votre conduite, qu’en vous mettant toujours dans l’esprit que la défiance est mère de la sûreté. Continuez de vous souvenir vivement de l’importance de cette maxime, et vous parviendrez à être heureuse sans le secours de mon art. » Finette n’ayant pu tirer d’autres éclaircissemens de la fée, s’en retourna au palais dans une extrême agitation.