Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/258

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de fables renferment une bonne morale. Vous avez remarqué, avec beaucoup de justesse, qu’on fait parfaitement bien de les raconter aux enfans, pour leur inspirer l’amour de la vertu. Je ne sais pas si dans cet âge on vous a parlé de Finette ; mais pour moi,

    Cent et cent fois ma gouvernante,
    Au lieu de fables d’animaux,
    M’a raconté les traits moraux
    De cette histoire surprenante.
    On y voit, accablé de maux,
Un prince dangereux , qu’une noire malice
    Entraîna dans l’horreur du vice.
    On y voit naturellement
    Que deux imprudentes princesses,
Qui passaient tous les jours dans de vaines mollesses,
    Et tombèrent indignement
    Dans un affreux égarement,
Reçurent, pour le prix de leurs lâches faiblesses,
    Un prompt et juste châtiment.
Mais, autant que l’on voit dans cette belle histoire,
    Le vice puni, malheureux,
    Autant on voit les vertueux
    Triomphans et couverts de gloire.
Après mille incidens qu’on ne saurait prévoir,
    La sage et prudente Finette
    Et le généreux Bel-à-Voir,
    Goûtent une gloire parfaite.
    Oui, ces contes frappent beaucoup
Plus que ne font les faits et du singe et du loup.
    J’y prenais an plaisir extrême ;
    Tous les enfans en font de même ;
Mais ces fables plairont jusqu’aux plus grands esprits,
    Si vous voulez, belle comtesse,
Par vos heureux talens, orner de tels récits ;