Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PEAU-D’ÂNE.


À Mlle ÉLÉONORE DE LUBERT.


Votre jeune âge, Éléonore,
Vous permet ces amusemens ;
Vous y verrez assez de documens
Pour mériter qu’on s’en honore.
Quoique vous soyez à l’aurore
Du printems de vos jeunes ans,
Déjà vous préférez des écrits pleins de sens,
À ceux que nous voyons éclore
D’un fade auteur outrant le sentiment…

Ô vous, ma chère Éléonore !
Qui sentez tout si vivement,
Et dont le cœur naïf ignore
Ce que les passions y causent de tourment,
Ignorez-le toujours ! Peau-d’Âne vous apprend
Qu’il est un don plus cher encore
Que la beauté qui fuit rapidement ;
La solide vertu, c’est des dons le plus grand ;
Mais hélas ! c’est trop rarement
Que le faible mortel l’implore.


Il était une fois un roi si grand, si aimé de ses peuples, si respecté de tous ses voisins et de ses alliés, qu’on pouvait dire qu’il était le plus heureux de tous les monarques. Son bonheur était encore