Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/317

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Le souvenir de sa tendre aventure
Avec plaisir le conduisit chez lui.
Mais dès le lendemain il sentit sa blessure,
Et se vit accablé de tristesse et d’ennui.

Dès qu’il le peut il retourne à la chasse,
Où de sa suite adroitement
Il s’échappe et se débarrasse
Pour s’égarer heureusement.
Des arbres et des monts les cimes élevées,
Qu’avec grand soin il avait observées,
Et les avis secrets de son fidèle Amour,
Le guidèrent si bien que malgré les traverses
De cent routes diverses,
De sa jeune Bergère il trouva le séjour.

Il sut qu’elle n’a plus que son Père avec elle,
Que Griselidis on l’appelle,
Qu’ils vivent doucement du lait de leurs brebis,
Et que de leur toison qu’elle seule elle file,
Sans avoir recours à la ville,
Ils font eux-mêmes leurs habits.

Plus il la voit, plus il s’enflamme
Des vives beautés de son âme
Il connaît en voyant tant de dons précieux,
Que si la Bergère est si belle,
C’est qu’une légère étincelle
De l’esprit qui l’anime a passé dans ses yeux.

Il ressent une joie extrême
D’avoir si bien placé ses premières amours ;
Ainsi sans plus tarder il fit dès le jour même
Assembler son Conseil et lui tint ce discours

Enfin aux Lois de l’Hyménée