Aller au contenu

Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

S’y fassent voir également ;
Enfin songez incessamment
Que c’est une jeune Princesse
Que j’aime tendrement.

Pour vous faire entrer davantage
Dans les soins de votre devoir,
Je veux ici vous faire voir
Celle qu’à bien servir mon ordre vous engage.

Telle qu’aux Portes du Levant
Se montre la naissante Aurore,
Telle parut en arrivant
La Princesse plus belle encore.
Griselidis à son abord
Dans le fond de son cœur sentit un doux transport
De la tendresse maternelle ;
Du temps passé, de ses jours bienheureux,
Le souvenir en son cœur se rappelle.
Hélas ! ma fille, en soi-même dit-elle,
Si le Ciel favorable eût écouté mes vœux,
Serait presque aussi grande, et peut-être aussi belle.

Pour la jeune Princesse en ce même moment
Elle prit un amour si vif, si véhément,
Qu’aussitôt qu’elle fut absente,
En cette sorte au Prince elle parla,
Suivant, sans le savoir, l’instinct qui s’en mêla

Souffrez, Seigneur, que je vous représente
Que cette Princesse charmante,
Dont vous allez être l’Époux,
Dans l’aise, dans l’éclat, dans la pourpre nourrie,
Ne pourra supporter sans en perdre la vie,
Les mêmes traitements que j’ai reçus de vous.