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ŒUVRES DIVERSES.



APOLOGIE DES FEMMES[1].


Timandre avait un fils, triste, fâcheux, colère,
Des misantropes noirs le plus atrabilaire,
Qui, mortel ennemi de tout le genre humain,
D’une maligne dent déchirait le prochain,
Et sur le sexe même, emporté par sa bile,
Exerçait sans pitié l’âcreté de son style.
Le père, qui voulait qu’une suite d’enfans
Pût transmettre son nom dans les siècles suivans,
Cent fois l’avait pressé, pour en avoir lignée,
De vouloir se soumettre aux lois de l’hyménée
Et cent fois par ce fils, de chagrins hérissé,
Se vit, avec douleur, vivement repoussé.

Un jour, qu’il le trouva d’une humeur moins sauvage,
Le tirant à l’écart, il lui tint ce langage :
Ce qui plaît, ce qui charme et qu’on aime en tous lieux,
Te sera-t-il toujours un objet odieux ?
Ne saurai-je espérer que ton dédain se passe,

  1. Ce petit poëme parut à l’occasion de la satire de Boileau, sur les Femmes, à laquelle on sait que Regnard a répondu aussi par la satire des Maris. Perrault a publié, en tête de son Apologie des Femmes, sous le titre de Préface, une critique plus précise et assez détaillée de la satire de Boileau : cette critique aurait peu de sel ici, mais le commentateurs de Boileau pourraient y puiser des remarques utiles.