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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

francs ; à ce jeu-là, il en faudrait du temps pour rattraper cette somme ! »

Le pharmacien allait partir, quand la baronne, qui avait réfléchi, se ravisa :

— Tiens, si tu veux, lui dit-elle, j’ai une jolie soubrette, mon élève. Elle n’est pas comme moi ; sa réputation ne lui impose pas de maintenir les prix. Si tu veux, je vais la faire appeler, tu lui donneras cent sous.

— Volontiers, dit le potard. La soubrette lui plut.

— Bah ! dit la baronne, moitié pour elle, moitié pour moi ; c’est encore cinquante sous, et c’est elle qui aura la peine de travailler sa vieille carcasse.

La baronne d’Ange aimait les gens de lettres ; beaucoup avaient leurs entrées à l’œil et étaient des clients flanelle ; quelques-uns allaient rue Saint-Georges par curiosité. C’est qu’en effet il s’y passait des scènes curieuses ; parmi elles, les voyeurs tenaient le premier rang.

Pierre-Paul Rubens, l’illustre peintre, a émis cet aphorisme : Voir n’est pas regarder. Avait-il pressenti les voyeurs modernes ?

L’expression de voyeurs, quoique datant de 1862 au moins, ne figure pas dans les dictionnaires d’argot. C’est pourtant une expression énergique qui indique très exactement l’action à laquelle elle se rattache.