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LES FLAGELLANTS

Tous deux sont morts depuis ; l’un a sa statue et l’autre l’attend ; ils étaient amis, ils se rencontrèrent en soupant ensemble. Vers une heure du matin, ils se dirigeaient, passablement éméchés, vers la demeure hospitalière de la dame ; la camériste veillait, quoiqu’elle n’attendît qu’un visiteur, les laissa pénétrer tous deux, songeant sans doute au proverbe : Quand il y en a pour un,il y en a pour deux. La dame du logis, de son côté, avait copieusement soupé avec un jeune collégien ; elle dormait profondément. Ils se couchèrent sans l’éveiller, l’un d’un côté, l’autre de l’autre, elle au milieu. Le matin, les fumées de la veille un peu dissipées, avant le jour, les mains des deux hommes se rencontrèrent...

— Tiens, c’est toi, que fais-tu là ?

— Et toi ?

— Ma foi ! je n’en sais rien !

— Je croyais être seul ici ?

— Moi aussi.

— La garce nous trompe, veux-tu faire un serment ?

— Volontiers.

Elle dormait toujours, ils relevèrent la couverture, étendirent leurs mains sur… et dirent ensemble :

— Jurons sur la place publique…