Page:Charles Virmaître - Les Flagellants et les flagellés de Paris.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

gérants des principaux hôtels de Paris, organise une soirée, elle lance des invitations ainsi rédigées :

Monsieur,

Voulez-vous me faire l’honneur d’assister à une soirée musicale, qui aura lieu le 10 de ce mois, on y entendra un jeune ténor doué d’une voix extraordinaire.

Léa d’Essonnes.

Un jour, une invitation de ce genre fut adressée, à un gentilhomme du Poitou, que le journal indiquait comme garçon ; c’était une erreur, il était marié. Il était descendu au Grand Hôtel avec sa femme et ses deux filles ; le père était absent, ce fut la mère qui reçut l’invitation ; le soir, en grande toilette, elle et ses deux filles faisaient, dans le salon de la cocotte, une entrée à sensation.

Cette cocotte sur le retour était en même temps une proxénète fort connue. Elle pria la mère de passer dans un salon voisin, croyant qu’elle lui amenait les deux jeunesses pour en trafiquer. Sans préambule, elle lui demanda si elles étaient dans le commerce depuis longtemps et combien elle en voulait.

La mère ne comprenait pas.

— Mais nous ne sommes pas dans le commerce, répondit-elle, nous habitons notre château dans le Poitou, vous devez le savoir, puisque vous avez