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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

de la boutique, précédée du rôtisseur qui portait le sac ; les agents firent ranger les badauds qui formèrent ainsi la haie, retirèrent leur képi, et Berthe monta majestueusement en voiture.

B… qui se tenait vers le marchepied, le chapeau à la main, dans une attitude respectueuse, lui demanda où elle voulait aller.

– Rue des Partants, n° 145, répondit-elle, à côté du marchand de vins qui porte pour enseigne : Au petit bonhomme qui chie.

Le cocher fouetta son haridelle qui partit au galop, et les sergents de ville firent circuler la foule.

– Hein, disaient les badauds, ces grandes dames de l’Empire, quelles crapules, voilà bien la corruption impériale !

Pendant le trajet, B… dit à Berthe :

– Tu n’es pas belle, pas de prestance, tu es maigre comme un cent de clous, que peux-tu donc bien faire à ton conseiller pour qu’il t’arrose de billets de mille ?

– Je ne suis pas belle, c’est vrai, répondit Berthe, mais en revanche, je suis si cochonne, je satisfais sa passion, cela ne me coûte rien, et je m’amuse.

– Il a une passion ? dit B.

– Oui, et elle est rigolo ; imagine-toi, que à certains jours, quand ça le prend, il va rue Mouffe-

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