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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

– Il m’aime, et puis, après tout, le métier que je fais, qu’a-t-il donc d’extraordinaire ? Quelle différence y a-t-il entre une femme qui trompe son mari à l’œil, qui change d’amant chaque quartier de lune et une putain qui travaille pour de l’argent, comme je le fais ? Il n’y en a pas. Et puis, vous autres, qui parlez de nous avec mépris, fille publique ou fille soumise, voilà comment vous nous appelez, mais, vous ne savez donc pas qu’il y a des femmes que vous considérez dans votre monde comme des vertus, et qui sont les meilleures clientes de la maison ? Allez, être putain n’est qu’un mot.

J’étais abasourdi de la logique navrante de cette femme, et ému du cas particulier de cet homme, qui souffrait tout parce qu’il l’aimait.

Cette femme tient aujourd’hui, pour son compte, une maison bien connue dans Paris ; c’est avec un réel bonheur qu’elle raconte ses commencements, et qu’elle ajoute en riant :

– Maintenant que je suis patronne, quand il y a trop de monde, mon mari est le premier à me dire : « Donne donc un coup de… main ! »