Page:Charles Virmaître - Les Flagellants et les flagellés de Paris.djvu/376

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1274
LES FLAGELLANTS

de voleurs et d’assassins, clapiers de filles publiques où la police n’osait jamais s’aventurer, même en force.

En voyant de nos jours le boulevard du Palais, la rue de Lutèce, la rue d’Arcole, le quai du Marché neuf et le quai du Marché aux Fleurs, voies somptueuses, si vivantes, si grouillantes, si aérées, qui se souvient, dis-je, que sur leur emplacement, il y a à peine quarante-cinq ans, il existait une véritable forêt de Bondy.

Eugène Sue a popularisé le tapis franc de la rue aux Fèves, le cabaret du Lapin Blanc, tenu par la mère Mauras, dont il a fait un type imaginaire, comme d’ailleurs ceux de Bras rouge, du Chourineur, du Maître d’école, de la Chouette et de la Goualeuse, mais ce cabaret et cette rue ne sont qu’un extrait de l’ensemble que présentait l’île de la Cité, qui avait un caractère unique au monde.

La population composée de ravageurs, de regrattiers, de chiffonniers, d’individus pratiquant les métiers les plus étranges était digne du cadre.

Chaque rue tirait son nom des corporations qui y avaient élu domicile depuis des siècles ; telles les rues de La Barillerie, habitée par les tonneliers, où se trouvaient les caves des rois de France, la rue de La Calendre, par les calendreurs de draps, la rue des Marmouzats, par les fabricants d’images