Page:Charles Virmaître - Les Flagellants et les flagellés de Paris.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
276
LES FLAGELLANTS

les maisons borgnes, il existait rue Saint-Éloi une maison de tolérance, qui au-dessus de son gros numéro, avait pour enseigne une immense rose blanche. Cette maison, quoique située dans ce lieu perdu, avait une grande réputation parmi les amateurs de plaisirs sadiques, son extérieur était des plus modestes, mais son intérieur était d’un luxe inouï.

La rose blanche avait pour tenancière une femme jeune et jolie, mais elle était affligée de deux jambes de bois, cette infirmité loin de lui nuire avait fait sa célébrité dans un certain monde.

Son client le plus fidèle était le général de B… un marcheur intrépide ; dans toutes ses campagnes, à travers le monde, il avait usé et abusé de tous les raffinements qui peuvent se pratiquer en amour ; la flagellation la mieux entendue était devenue impuissante à le faire vibrer, seul il trouvait ce talent chez la femme aux jambes de bois.

La séance se passait dans une chambre meublée d’un lit de camp, les murs étaient tapissés de lithographies de Charlet, de Raffet et d’Horace Vernet représentant des épisodes de batailles,au-dessus du lit était une panoplie d’armes, les angles des murs étaient ornés de faisceaux de drapeaux.

Pour la cérémonie, elle endossait un costume de tapin, le général se déshabillait entièrement nu, elle devait obéir au commandement ; la première