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LES FLAGELLANTS

Elle se souvint qu’on lui avait dit : « Tu le remettras au grand Français. » Elle aperçut alors Parisel qui dominait le groupe de toute la hauteur de sa tête ; elle lui remit le bouquet et lui récita son compliment. On pense si l’assemblée partit d’un éclat de rire en voyant la méprise de la fillette.

Depuis cette époque, Parisel répétait sans cesse : « Il n’y a que deux grands Français en France : moi et de Lesseps. »

Quand on demandait à Parisel quel métier il exerçait, il répondait invariablement : parasite, métier facile à exercer en voyage.

Il était l’ami d’un peintre, amant à ce moment de Mlle L…, une ancienne célébrité d’un bal public.

Selon son habitude,il était hébergé dans la maison. Il avait la douce manie de fumer constamment ; plus sa pipe était vieille et culottée, plus elle empestait la nicotine, plus sa jouissance était grande. Il affectionnait tout particulièrement un ignoble brûle-gueule en bois de bruyère qui lui avait coûté la peine de le ramasser sur une table, où l’avait oublié un sale ivrogne. Son bonheur était complet quand, assis confortablement dans un excellent fauteuil, il le fumait lentement, savamment. Un soir, lui, qui débourrait chaque fois sa pipe avec une tendresse ineffable, il s’aperçut qu’elle était pleine de tabac étranger ; il se leva, furieux.