Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/120

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Avez vous point ma Dame veue ?
Contez moi quelque chose d’elle.
Dittes moy, n’est elle pas telle
Qu’estoit, quant derrenierement,
Pour m’oster de merencolie,
M’escrivy amoureusement :
« C’estes vous de qui suis amye. »
     Son vouloir, jamais ne se mue,
Ce croy je, mais tient la querelle
De Léauté, qu’a retenue
Sa plus prochaine damoiselle ;
Bien le monstre, sans que le celle,
Qu’elle se maintient léaument,
Quant lui plaist, dont je la mercie,
Me mander si tresdoulcement :
« C’estes vous de qui suis amye. »
     Pour le plus eureux soubz la nue
Me tiens, quant m’amye s’appelle ;
Car en tous lieux, où est congneue,
Chascun la nomme la plus belle.
Dieu doint que, maugré le rebelle
Dangier, je la voye briefment,
Et que de sa bouche me die :
Amy, pensez que seulement
C’estes vous de qui suis amye.


ENVOI

     J’ay en mon cueur joyeusement
Escript, afin que ne l’oublie,
Ce refrain qu’ayme chierement :
C’estes vous de qui suis amye.