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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/224

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Il fault que je face semblant,
Faignant que ne vous ayme mie :
Non pour tant, je vous certiffie,
Et vous pri que vueillez penser
Que je seray, toute ma vie,
Vostre loyaument, sans faulser.
     Tous maulx de vous je voiz disant,
Pour aveugler leur faulse envie ;
Non pour tant, je vous ayme tant,
Ainsi m’aid la Vierge Marie,
Que je pry Dieu qu’il me mauldie,
Se ne trouvez, au par aler.
Que vueil estre, quoy que nul die,
Vostre loyaument, sans faulser.
     Faignez envers moy mal talant,
À celle fin que nul n’espye
Nostre amour, car par ce faisant,
Sauldray hors du mal qui m’anuye.
Mais faittes que Bonne Foy lye
Nos cueurs, qu’ilz ne puissent muer,
Car mon vouloir vers vous se plye,
Vostre loyaument, sans faulser.
     Vous et moy avons maint servant
Que Convoitise fort mestrie ;
Il ne fault pas, ne tant ne quant,
Qu’ilz saichent nostre compaignie ;
Peu de nombre fault que manye
Noz fais secrez par bien celer,
Tant qu’il soit temps que me publie
Vostre loyaument, sans faulser.
     Tout mon fait saurez plus avant
Par le porteur en qui me fye ;
Il est léal et bien saichant,
Et se garde de janglerye.
Créez le, de vostre partie,