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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/256

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Celui qui à servir se met,
S’il veult avoir tantost secours
Et le guerdon qu’on y promet,
Ou autrement, il se desmet
Du service qu’il a empris,
De Loyaulté seroit repris,
Quant je tendray mon jugement,
Et si perdroit tous los et pris,
Sans jamais nul recouvrement.


L’AMANT.

     Voire, Sire, doit on servir
Sans prouffit ou guerdon avoir ?
Nennil, ung cueur devroit mourir,
Puis qu’il a fait loyal devoir
Entierement à son povoir,
Et qu’il lui fault querir son pain ;
À vous, qui estes souverain,
En est le plus de deshonneur,
Veu que, par faulte, meurt de fain
Vostre bon loyal serviteur.


AMOURS.

     Qu’on meure de fain ne vueil pas,
Mais le trop hasté s’eschaulda,
Il convient aler pas à pas ;
Et puis après on congnoistra
Qui mieulx son devoir fait aura ;
Alors doit estre guerdonné.
Je suis assez abandonné,
À grant largesse, de mes biens ;
Mais quant j’ay mainteffoiz donné
À plusieurs, semble qu’ilz n’ont riens.