Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/274

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BALLADE.

     J’ay tant en moy de desplaisir
Puisqu’il me convient de partir
Helas ! de vous et loing aller !
Et si ne puis à vous parler
(Dont i’auray maint mal à souffrir)
N’est riens qui me peust esjouïr !
Si n’est le tresdoulx souvenir
Que j’ay par vous bien fort amer,
J’ay tant en moy de desplaisir.
     Adieu ma joye, mon plaisir,
Adieu mon loyal souvenir ;
Adieu belle dame sans per ;
Adieu dire m’est coup mortel,
Car je m’en vais sans vous véoir,
J’ay tant en moy de desplaisir.


BALLADE

     En ceste nouvelle saison
Qui remplist jeunes cuers de joye
Et qu’Amours sault de sa maison
Pour conquester aucune proye
Nulle riens n’ay qui me guerroye
Se non Jeunesse qui me prie
D’estre amoureux plus c’oncques mais,