Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
POÈME DE LA PRISON.


ENVOI

     À Loyauté de plus en plus m’alye,
Et à Amours humblement je supplie
Que de mon fait vueillent estre piteux,
En me donnant de mes vouloirs partie,
Pour alegier mes griefs maulx doloreux.


BALLADE XIII.

     Pour tant se souvent ne vous voy,
Pensez vous plus que vostre soye ?
Par le serment que je vous doy,
Si suis autant que je souloye ;
N’il n’est ne plaisance, ne joye,
N’autre bien qu’on me puist donner,
Je le vous prometz loyaument,
Qui me puist ce vouloir oster
Fors que la mort tant seulement.
     Vous savés que je vous feis foy
Pieçà de tout ce que j’avoye,
Et vous laissay, en lieu de moy,
Le gage que plus chier j’amoye ;
C’estoit mon cucur que j’ordonnoye
Pour avecques vous demourer,
À qui je suis entierement.
Nul ne m’en pourroit destourber
Fors que la mort tant seulement.
     Combien certes que je rcçoy
Tel mal que, se le vous disoye,
Vous auriés, comme je croy,
Pitié du mal qui me guerroye.
Car de tout deuil suis en la voye,