Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/97

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Et assailliez la frontière
Où Dueil et Merencolie,
À tort et par felonnie,
Tiennent Joye prisonniere,
De moy la font estrangiere ;
Je pri Dieu qu’il les maudie !
     Quant je deusse bonne chiere
Démener en compaignie
Je n’en fais que la maniere,
Gir quoy que ma bouche rie,
Ou parle parolle lye,
Dangier et Destresse fiere
Boutent mon plaisir arriere ;
Je pry Dieu qu’il les maudie !
     Helas ! tant avoye chiere,
Jà pieçà, Joyeuse Vie ;
Se Raison fust droicturiere,
J’en eusse quelque partie.
Or est de mon cueur bannie
Par Fortune losengiere
Et Durté sa conseilliere ;
Je pry Dieu qu’il les maudie !


ENVOI

     Se j’avoye la maistrie
Sur ceste faulse mesgnie,
Je les meisse tous en biere ;
Si est telle ma prière :
Je pry Dieu qu’il les maudie !