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LETTRE XXX

AU MÊME


Suite du séjour à Naples.
Rome, 24 novembre.


Puisque ma lettre du 14 n’est pas partie par cette poste, mon cher Neuilly, et que par celles que je reçois en ce moment je ne me vois plus si pressé de retourner en France, je veux vous donner une seconde édition de cette même lettre, revue et augmentée considérablement. Aussi bien, ai-je passé un peu trop rapidement sur divers articles, sans parler de la suppression du journal, suppression occasionnée par l’idée où j’étois que je n’aurois le temps, ni de rien écrire, ni de rien examiner comme il faut. J’ai cependant écrit quelque petite chose, mais tout cela est à bâtons rompus et ne vaut pas la peine de faire le voyage. Je vais seulement vous illustrer ma lettre précédente d’un beau commentaire, infiniment plus long que le texte. C’est ainsi qu’en use tout honnête scoliaste ; et vous n’êtes point en droit de vous inscrire contre un usage reçu.

La situation de Naples et celle de Gênes ont beaucoup de rapport entre elles ; toutes deux au fond d’une espèce de golfe, et étendues en demi-lune, le long du rivage, contre un rocher. Je dis que celle de Gênes est préférable. Il me semble que ce n’est pas le sentiment commun ; mais je vous jure que c’est le mien : la raison m’en paraît sensible. Il y a eu place à Naples pour bâtir la ville entre la mer et la montagne, en sorte que la ville est en quelque façon plate, à l’exception des Chartreux et du fort Saint-Elme, situés au-dessus de la montagne. À Gênes, au contraire, le pied du rocher touche quasi la mer ; ainsi on a été obligé de construire, à mi-côte, tout en amphithéâtre, ce qui, joint à l’exhaussement prodigieux des bâtiments, forme un aspect bien plus magnifique. Arrivez par mer