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Page:Charnacé - Musique et Musiciens, vol1, 1874.djvu/12

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sidérables. Les causes en sont connues. C’est d’abord, l’abandon partiel de nos principaux théâtres par l’Etat, et l’absence d’un contrôle sévère sur les actes d’industriels plus occupés de leur propre fortune que de la gloire artistique. Ces hommes profitant tantôt du succès des chefs-d’œuvre anciens pour les exploiter jusqu’à la satiété, semblables à ces fermiers sans scrupules qui épuisent par des récoltes repétées les terres quils veulent abandonner, tantôt utilisant l’engouement général pour certains virtuoses à la mode ; ces hommes, dis-je, ont compromis à la fois le passé et l’avenir prochain. Ils ont ainsi lassé le public et les exécutants des plus grands chefs-d’œuvre, les compromettant encore par des exécutions où l’ensemble était sacrifié au virtuose faisant recette. Par ce système déplorable, les directeurs peu soucieux d’un avenir compromis par leur avidité, ont, malgré eux, contribué aux exigences exorbitantes des « étoiles » qui les ruinent quand elles ne font pas leur fortune. Ils ont joué quitte ou double : mais à ce jeu c’est assurément l’art qui a le plus perdu.

« Sauf l’art décoratif, et la splendeur des mises en scène, inaugurée par les « féeries », tout est subordonné aux virtuoses : seconds rôles, chœurs