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tendre plusieurs fois, en Angleterre, a quelque chose qui produit sur moi une impression particulière qu’aucune autre ne m’a donnée.

Si Haydn séduit mon oreille, si Mozart et Rossini me charment et m’enchantent, si Beethoven m’émeut et m’emporte dans les plus hautes régions où l’âme humaine se soit élevée, Handel m’entraîne à sa suite par une irrésistible impulsion. Comment en serait-il autrement d’une musique héroïque, dont le rhythme semble frappé par des marteaux de bronze.

Plusieurs fois, nous avons entendu disserter sur la musique de Handel, les uns avec une admiration passionnée, les autres dans des termes plus mesurés. Ceux-ci, et je ne prétends pas qu’ils aient tort, font leurs reserves, et pour l’apprécier, ils s’en prennent aux conditions mêmes de la langue musicale de l’auteur du Messie.

Malgré son génie grandiose, le maître n’a pas échappé, disent-ils, à une certaine monotonie. Mais on doit reconnaître qu’il était pour ainsi dire condamné à cette monotonie parla constitution en quelque sorte mathématique de cette langue. En effet, pas un motif, pas un sujet mélodique, pas un dessin qui ne soit, chez Handel, accompagné de dévelop-