Page:Charnacé - Musique et Musiciens, vol1, 1874.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 158 —

de l’Opéra-Comique. Peut-être eût-on mieux fait d’intervertir les rôles, en faisant jouer la nourrice par Mlle Decroix, le rire gaulois ne convenant guère à la physionomie plutôt mélancolique de Mlle Ducasse. Toutefois on aurait tort de ne se pas montrer satisfait de l’interprétation de ces deux rôles.

MM. Nathan et Barnolt sont excellents dans ceux de Géronte et de Lucas ; seul, M. Coppel se montre bien froid dans le personnage de Léandre.

Cette partition de M. Gounod est, sans contredit, l’une des mailleures qu’il ait écrites. Il y a là une franchise d’inspiration qui étonne de la part d’un esprit rêveur et nuageux. Les chants sont bien en relief ; ils se dégagent nettement d’une instrumentation légère, spirituelle et tout à fait scènique.

Le reproche que je ferai à cet ouvrage c’est de manquer d’unité dans le style. Deux manières bien tranchées s’y font jour, en effet. L’une, qui est excellente, pastiche les musiciens du dix-huitième siècle ; l’autre, on ne sait pas pourquoi, ni à propos de quoi, se rattache souvent à l’école italienne bouffe de Donizetti. Certes, on comprend parfaitement qu’en s’inspirant de Molière, le compositeur ait été contraint d’emprunter aux vieux maîtres