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Le 13e quatuor de Beethoven était la pièce capitale du programme du dernier concert. Autant qu’il est permis de juger à une première audition une œuvre du « grand Pan » de la musique, comme l’appelait Berlioz, nous donnerons notre impression sur ce quatuor, divisé en six parties. Il est écrit dans la dernière manière du maître. Le premier morceau et le dernier n’ont satisfait qu’un petit nombre d’auditeurs, et je n’en fait pas partie. Il me semble que dans ces deux fragments, Beethoven spécule sur des agencements de parties plus ou moins intéressants, et que sa muse ne l’inspire pas comme d’habitude. Par moments, cependant, elle lui parle ; mais ces instants sont courts. Nous avons retrouvé son inspiration accoutumée, dans toute sa fantaisie et dans toute sa poésie en écoutant les quatre autres fragments.

L’andante, la danza tedesca, et cette belle cavatine adagio sont des chefs-d’œuvre que l’on ne peut décrire. Il n’y a pas d’expressions pour donner l’idée de pareils effets. L’exécution de cette œuvre si difficile à rendre, à cause de sa complexité et de l’étonnante multiplicité de ses nuances, exige des talents unis dans une même pensée, dans un même culte, et, si on peut le dire, quatre instruments sous un seul