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Je cherchai à réduire la musique à sa véritable fonction, celle de seconder la poésie pour fortifier l’expression des sentiments et l’intérêt des situations sans interrompre l’action ni la refroidir par des ornements superflus. Je crois que la musique devait ajouter à la poésie ce qu’ajoutent à un dessin correct et bien composé la vivacité des couleurs et l’accord heureux des lumières et des ombres, qui servent à animer les figures sans altérer les couleurs.

« L’imitation de la nature est le but que doivent se proposer les arts, c’est celui auquel je tâche d’atteindre. Toujours simple et naturelle autant qu’il m’est possible, ma musique ne tend qu’à la plus grande expression, et au renforcement de la déclamation de la poésie ; c’est la raison pour laquelle je n’emploie point les trilles, les passages ni les cadences qwe prodiguent les Italiens.

« Je me suis bien gardé d’interrompre un acteur dans la chaleur du dialogue pour lui faire entendre une ennuyeuse ritournelle, ou de l’arrêter au milieu de son discours sur une voyelle favorable, soit pour déployer dans un long passage l’agilité de sa belle voix, soit pour attendre que l’orchestre lui