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La différence consiste en ce que l’Allemand, qui n’est pas capable d’imposer une mode, l’accepte sans réflexion, lorsqu’elle lui vient de l’étranger. Il s’oublie lui-même, alors, et sacrifie aveuglément son propre jugement à celui de l’étranger. Cette observation s’adresse principalement à la masse du public allemand ; car nous voyons, d’un autre côté, les musiciens de profession protester contre cette faiblesse générale et, par un faux zèle patriotique, se montrer partiaux et injustes dans leurs jugements sur les productions étrangères. C’est tout le contraire chez les Français. La masse du public français se montre complètement satisfaite par ses productions nationales et n’éprouve pas du tout le besoin d’étendre ses connaissances ; par contre, les amateurs de musique n’en sont que plus disposés à apprécier le mérite des étrangers. La classe élevée admire sans réserve ce qui lui arrive de beau et d’inconnu d’au-delà des frontières. On en a la preuve évidente dans l’accueil enthousiaste qu’on fit si rapidement à la musique instrumentale allemande. Néanmoins, demander si le Français comprend complètement la musique allemande est une question à laquelle on ne peut répondre que d’une manière dubitative.