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Weber, aussi bien que Rossini, avait fait de la mélodie absolue la substance principale de l’opéra, et cela d’une façon si décisive, que cette mélodie, détachée de son ensemble dramatique et dépouillée de son texte même, devint, dans sa forme la plus nue, la propriété du public. Une mélodie devait pouvoir être raclée sur le violon, « trompettée », tapotée sur le piano, sans rien perdre de son essence, pour prétendre à l’acceptation générale. Le public n’alla aux opéras de Weber que pour entendre le plus grand nombre possible de semblables mélodies, et le maître s’était trompé gravement en s’imaginant voir le public adopter comme mélodie cette mosaïque déclamatoire et vernissée ; cependant c’était là au fond ce qui lui importait.

Si aux yeux de Weber lui-même, le texte seul pouvait paraître justifier cette mosaïque, d’un côté le public était, avec raison, indifférent à ce texte ; d’un autre côté, il devenait évident que ce texte n’était pas complètement rendu dans la musique. Ce fut précisément cette mélodie incomplète et non arrivée à maturité qui détourna l’attention du public du texte et elle se porta sur la formation d’une mélodie