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l’art cultivé, une marche de développement entièrement nouvelle : de l’organisme qu’on avait disséqué anatomiquement et intérieurement tué, on voulut faire naître une vie nouvelle par la réunion d’organes séparés. Dans le chant d’église, l’harmonie s’était développée d’une manière indépendante. Par besoin naturel de vivre, elle fut nécessairement amenée à se manifester comme mélodie ; mais elle avait besoin, pour cela, de s’appuyer sur le rhythme, qui donne la forme et le mouvement, rhythme arbitraire, plutôt imaginaire que réel, et qu’elle empruntait à la danse. Cette nouvelle combinaison ne pouvait être qu’artificielle. De même que la poétique a été construite suivant les règles qu’Aristote avait tirées des auteurs tragiques, de même la musique a été établie suivant des hypothèses et des prescriptions scientifiques. Cela se passait au temps où l’on voulait faire des hommes suivant des recettes savantes et au moyen d’opérations chimiques. La musique savante cherchait aussi à construire un homme de ce genre : le mécanisme voulait remplacer l’organisme. Mais cette infatigable activité dans l’invention mécanique n’avait, en réalité, pour but que l’homme réel, l’homme qui, reconstruit par