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mantisme charmant ; il exprime de la manière la plus saisissante le caractère plein de fantaisie de la nation allemande.

La Flûte enchantée de Mozart comme le Freischutz de Weber ont clairement démontré, que, dans ce genre, le drame musical allemand est chez lui, mais qu’au-delà il rencontre des entraves. Weber lui-même dut le constater lorsqu’il voulut pousser l’opéra allemand plus loin. Son Euryante, malgré toutes ses belles qualités, doit être considérée comme une tentative avortée. Lorsque Weber a voulu s’élever dans une sphère plus élevée et y exprimer des passions plus puissantes, ses forces l’ont abandonné. C’est timidement et sans confiance qu’il entreprit la tâche trop lourde de représenter par quelques caractères isolés, tracés sans assurance, ce qui ne pouvait être exprimé que dans un grand ensemble, par quelques larges traits. Il perdit par là son naturel et resta impuissant [1]. On dirait d’ailleurs que Weber sentait qu’il avait sacrifié là sa nature chaste ; dans Obéron il revint encore une

  1. Je pense qu’avec le temps mon ami aura appris à s’exprimer à ce sujet avec plus de circonspection.
    (Note de l’éditeur).